(…) La psychiatrie publique fait déjà face à une nouvelle «vague» de besoins qui va aller croissante dans les prochains mois avec notamment les patients dont le suivi a été réduit pendant l’épidémie et dont l’état s’est dégradé, de nombreuses personnes qui ont souffert du confinement et du stress prolongé lié à l’épidémie, et surtout toutes celles qui vont souffrir des répercussions économiques et sociales de la crise inévitable dans tout le pays. Les dispositifs de soins, déjà saturés avant la crise, avec des listes d’attente dans de nombreuses structures, ne pourront faire face à cet afflux de besoins sans un véritable plan d’urgence, massif et profond.
Au-delà de la feuille de route pour la psychiatrie et la santé mentale dont il faut poursuivre la mise en œuvre, des mesures plus volontaristes, financières et structurelles, sont indispensables. Au plan budgétaire tout d’abord, un rattrapage des nombreuses années de sous-dotation est un impératif absolu, à hauteur d’au moins 5 % des financements annuels, afin de couvrir à la fois les besoins des structures existantes et ceux des nouveaux dispositifs à créer. La réforme des modalités de répartition enclenchée récemment apporte certes des innovations intéressantes, mais s’avère d’une très grande complexité et sans intérêt majeur si l’enveloppe totale à répartir n’évolue pas de manière plus significative. (…)